vendredi 19 octobre 2007

Danone n'a pas sû entretenir la relation avec le patron de Wahaha

Dans une interview pour la magazine CHALLENGES, Franck Riboud PDG de Danone le reconnait: Un contrat, dix minutes après que vous l'avez signé, peut être renégocié. Si vous êtes en position de faiblesse, il peut être remis en question. Un contrat, là-bas, cela ne se met pas dans un placard. Cela s'entretient. Il faut des bases juridiques très fortes. Pendant longtemps, nous n'avons peut-être pas assez fait vivre notre contrat avec Zong. Et maintenant, c'est d'autant plus difficile de le faire respecter. "
C'est bien ce dont se plaignait Zong Qinghou en accusant les dirigeants de Danone (Faber en particulier) de lui manquer de respect. On en revient toujours à cette question de "face" et à la difficulté des Occidentaux de construire des relations durables en Chine: si l'on croit qu'il est possible d'évacuer la question de la relation personnelle (échange de face, fréquentation, amitié) pour ne s'en tenir qu'au "business is business", le partenaire chinois perd confiance en vous. A partir de ce moment là, le contrat qu'il respectait POUR VOUS, il va l'utiliser CONTRE VOUS.

mardi 16 octobre 2007

l'affaire Schneider n'est évidemment pas perçue de la même façon par les Chinois

Fin septembre, l’entreprise française Schneider Electric était condamnée à payer plus de 31 millions d’euros à son concurrent chinois Chint, dans une affaire de contrefaçon. Bien décidée à tirer cette affaire au clair, Schneider ne verse pas l’amende et fait appel cette semaine. Guy Dufraisse, directeur des opérations de Schneider Electric en Chine, n'en revient toujours pas.
« C'est comme si un petit fabricant de voitures attaquait Mercedes en disant qu'il copie son design. Pour les gens qui connaissent notre industrie, l'affaire est grotesque. »
Dans l'industrie en question, le petit fabricant de voitures serait l'entreprise Chint et Mercedes serait Schneider Electric.
Ces derniers ont été récemment reconnus coupables de contrefaçon par la cour de justice de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, au sud-est de la Chine.
Guy Dufraisse dit le groupe stupéfait de la décision de la cour, voisine du siège social de la société Chint.
« Le montant de l'amende est incroyable », confie-t-il. Quant aux rumeurs disant que les 31 millions d'euros équivaudraient à la somme des amendes que Chint à du verser de son côté en dehors de Chine, Guy Dufraisse affirme que « c'est absolument faux. Chint a perdu des procès, mais a payé des amendes ridicules. »
En réponse, la société française devrait faire appel ces jours prochains.
Le directeur des opérations de la société française ne peut s'empêcher d'admettre que « l'entreprise Chint a très bien travaillé et elle a du soutien. »
Si Chint a pu mener l'affaire devant une cour et gagner le procès, c'est grâce à d'habiles manœuvres. « Ils ont déposé un modèle d'utilité sur une partie de nos technologies déjà brevetées » explique Guy Dufraisse.
Les modèles d'utilité confèrent une protection à des inventions techniques qui présentent un caractère de nouveauté et un degré d'inventivité moindre que ceux exigés pour l'obtention d'un brevet.
« Alors quand ils nous attaquent, ils peuvent prouver que l'on utilise cette technologie puisque c'est la nôtre avant d'être la leur », analyse Guy Dufraisse.
Du soutien, les Français en ont trouvé pour leur part auprès des missions économiques françaises et d'Hervé Ladsous, ambassadeur de France en Chine. Quant à l'éventuelle venue de Nicolas Sarkozy à Pékin en novembre prochain, Guy Dufraisse préfère ne pas dire s'il en attend quelque chose.
« Aujourd'hui nous avons juste envie de mieux expliquer notre cas. C'est inquiétant et ça pourrait arriver à d'autres entreprises, s'étonne encore cet expatrié qui vit en Chine depuis trois ans. Mais pour l'instant, une nouvelle procédure commence et la bataille n'est pas perdue. » La mésaventure pourrait en effet effrayer les autres entreprises étrangères implantées en Chine.
Surtout que l'affaire n'est évidemment pas perçue de la même façon par les médias chinois.
L'agence Xinhua rapportait fin septembre les propos de Nan Cunhui, PDG de Chint. « Gagner contre Schneider va donner confiance aux entreprises chinoises, expliquait ce dernier. Cela les encouragera à poursuivre dans la voie de l'innovation et à faire plus attention à la protection de la propriété intellectuelle".
Cette affaire me semble très intéressante du point de vue interculturel: en Chine, la loi ne régule pas les relations d'affaires, on peut la manipuler en fonction du rapport de force.