mercredi 12 juin 2013

Shanghai Calling: un film sino-américain sur le choc culturel

Ce film a été réalisé par Daniel Hsia, réalisateur américain d'origine chinoise, a gagné des prix au festival de film de Shanghai l'année dernière. Sam, brillant avocat d'affaires new yorkais est envoyé à Shanghai contre son gré. Bien que d'origine chinoise, il ne parle pas la langue et n'a aucune envie de quitter les Etats-Unis. Ses patrons ne lui laissent pas le choix car un important client américain a besoin d'aide sur place. Sam est parfait dans le rôle de l'expatrié suffisant et rigide. Il est déstabilisé par une compatriote blonde et célibataire qui s'occupe de sa "relocation": elle parle chinois et se sent parfaitement à l'aise en Chine. On a droit à tout les clichés: l'appartement est superbe mis il y  des travaux très bruyants à l'étage au-dessus. Sam menace d'un procès, la blonde essaie de lui faire comprendre que "cela ne marche pas comme cela en Chine." Il y a une ayi qui loge à domicile et ne se soucie pas de respecter l'intimité de son patron.
En parallèle à cette idylle naissante, l'intrigue concerne la prétendue falsification d'un accord de licence pour développer un mobile high tech. Le fameux client américain prétend s'être fait doubler par un industriel chinois qui a commencé à produire ces téléphones illégalement. Sam veut d'abord régler l'affaire tout seul et rachète tous les téléphones qu'il trouve sur le marché. Il tente ensuite une réunion avec le patron chinois, mis celui-ci se présente avec un faux avocat: un acteur anglais car c'est moins cher qu'un vrai juriste!
Le réalisateur montre aussi la communauté américaine de Shanghai à travers le président de l'American Chamber of Commerce et de l'American Village (?), un vieux loup de mer qui  monté des fast food de fried chicken. Ce dernier est mis au défi par une challenger candidate à sa succession, splendide femme d'affaires biculturelle sino-américaine qui lui lance: " La communauté des entreprises américaines en Chine a besoin d'une représentante qui connaisse vraiment le pays."
Finalement elle gagnera les élections.


Il y a aussi la collaboratrice chinoise de Sam qui lui a suggéré une réponse pendant le rendez-vous client (elle écrit "NO" sur un papier qu'elle lui fait passer). Il n'en tient pas compte, à tort bien sûr. Cette assistante est très dévouée, et Sam croit qu'elle flirte avec lui. En fait elle est désintéressée et admirablement courageuse puisqu'elle cumule un job de serveuse dans un karaoké (!) pour payer ses études de droit.
Pendant ce temps, Sam a compris que la Chine n'est pas un "rule of law" comme il croyait et que ses grands principes n'ont aucune efficacité. Il a accepté de faire appel à "Awesome Wang", un justicier philantrope qui aide les laowai (étrangers). Ils retrouvent l'industriel et font fermer son usine grâce à un guanxi d'un collègue dans l'administration du Jiangsu. Mais il s'avère que l'escroc  est le client américain: sa passion de la calligraphie chinoise lui a donné l'idée de falsifier un contrat pour s'approprier la licence du téléphone!
Sam est alors confronté à un dilemme: couvrir le délit de son client américain et ruiner l'honnête industriel chinois (ce que lui ordonnent de faire les patrons américains du cabinet d'avocats) ou rétablir la justice et perdre son job. Il choisit la deuxième option, crée son propre cabinet et emmène tous ses collaborateurs chinois avec lui.
C'est donc un film édifiant, mais intéressant et assez subtil dans l'évocation des clichés. Il en faudrait plus de ce genre, notamment sur les différences dans les styles de communication et de management, qui ne sont pas évoquées dans ce film.
Voici un extrait d'une interview de Daniel Hsia lui-même "ABC"(American Born Chinese) : "Now, Americans are moving to places like China to find jobs and build careers, and in a few years China will have the largest economy on the planet. One of my goals with Shanghai Calling was to showcase these paradigm shifts on a personal level with each of my characters, in much the way that you described above. And it's absolutely true that you can and will meet many white people in China who speak much better Chinese than the ABC's (American Born Chinese) who live there."