vendredi 31 octobre 2008

La Chine: usine à matière grise

La Chine a réussi l'exploit de multiplier par plus de 3 le nombre de diplômés en 10 ans: de 1,8 million à 5, 6 millions en 2008.
Cette "révolution" a aussi des effets négatifs: chômage massif de jeunes diplômés que le marché du travail ne peut pas absorber. L'écart se creuse avec les cols blancs qualifiés que les entreprises s'arrachent.
Autre phénomène intéressant lié à la "massification" de l'enseignement supérieur: la Chine, dont le gouverement encourage depuis peu l'effort de R&D, attire de plus en plus de centres de recherche étrangers.Au Zizhu Science Park, le dernier-né des cinq parcs high-tech de Shanghaï, 80% des entreprises sont là pour faire de la recherche. Il y a très peu de fabrication. Dans le domaine du logiciel, symbole par excellence du leadership technologique américain, la percée chinoise est importante: "Très peu de gens se rendent compte combien la Chine a investi dans le développement de programmes informatiques: comme c'est en chinois, on en est moins conscient que pour l´Inde, où tout est en anglais. Mais vous pouvez être sûr que dans quelques années va émerger en Chine un distributeur indépendant majeur de logiciels", explique Pierre Haren, le fondateur et président d´Ilog.

"Cette "mise à jour" intellectuelle est indissociable d´un autre mouvement: l´envoi d´étudiants chinois à l´étranger. Cette migration des cerveaux, l´une des plus prodigieuses de l´histoire moderne, a longtemps laissé croire que la Chine accusait un "déficit" en intelligence. Car sur les 1,21 million de Chinois qui ont étudié à l´étranger entre 1978 et 2007, 319.700 sont revenus en Chine soit 1/4 seulement. Maintenant on ne parle plus de migration des cerveaux, mais de circulation des cerveaux, avec beaucoup d´allers et retours. "Au départ, ceux qui ne revenaient pas étaient considérés comme des traîtres. Ensuite, vous avez eu toutes sortes d´incitations au retour: on offre des bourses pour les scientifiques, des avantages matériels. C´est encore vrai, mais le ton a aussi complètement changé: le gouvernement dit: Restez à l´étranger si vous voulez, grâce à vos réseaux sur place, vous êtes pour nous des atouts là-bas", explique Shen Wei, un Shanghaïen qui enseigne à l´ESSCA d'Angers. Les cerveaux chinois font dorénavant partie d'une stratégie de développement du "soft power" de la Chine dans le monde.
(Source : L’Expression)