mercredi 26 novembre 2008

Le service public n'a jamais autant attiré les diplômés chinois

Cette année, ils sont des milliers à passer le prestigieux concours de l'administration centrale le 30 novembre à Pékin. Un engouement qui reflète l'inquiétude des jeunes générations face à la crise économique.
Un nombre record de candidats - 775.000 - a été enregistré cette année au concours de l'administration centrale, "gongyuankao", 130.000 de plus que l'an dernier.
Trente ans après le lancement de la politique d'ouverture économique, la fonction publique reste une valeur sûre en matière de stabilité et d'avantages sociaux, comme vacances et protection sociale.
"On est tous inquiets de la situation et on se demande si on va pouvoir trouver du travail", explique Ye Liu, étudiante en audiovisuel à l'Université de Fudan à Shanghai, dont la moitié de la promotion se présente à l'examen du 30 novembre.
Le marché de l'emploi offre un nombre insuffisant de places aux jeunes. Environ 800.000 d'entre eux, diplômés en 2008, sont toujours à la recherche d'un emploi, selon des statistiques citées par l'agence Chine Nouvelle.
L'an prochain, huit millions de plus arriveront sur le marché du travail, alors que le ralentissement économique devrait faire perdre à la Chine deux points de croissance en 2008 et accroître la pression sur l'emploi.
Instauré en 1994, le concours d'entrée à la fonction publique n'a pas toujours déplacé les foules.
Au début des années 2000, à peine 40.000 étudiants tentaient leur chance. Son succès, "renforcé par le contexte de crise, date des dernières années et accompagne un changement de mentalités des nouvelles générations qui fuient toute pénibilité", estime Yu Hai, professeur à l'Institut du développement social et des politiques publiques, à Fudan.
Même des employés du secteur privé se remettent à bachoter, visant un des 13.500 postes à pourvoir, comme Chu Yajie, qui a passé trois ans dans une agence de publicité.
"J'ai fait face à des montagnes de travail, des heures supplémentaires à n'en plus finir. J'en ai assez. L'administration peut m'offrir une charge quotidienne de travail raisonnable et un salaire stable", explique la jeune femme de 28 ans.
Pour des emplois aux douanes, qui sont les plus prisés, le salaire mensuel des jeunes recrues peut atteindre entre 3.700 et 4.500 RMB (contre un salaire moyen de 2.500 RMB, environ 270 euros, à Shanghai).
Pour des postes moins demandés comme un poste au bureau de gestion des prisons, il est de 2.000 RMB. Les parents donnent souvent leur bénédiction: "mes parents m'ont poussée pour que je présente les concours ", explique Mlle Chu, fille d'ouvriers de la province du Henan licenciée sans indemnités en 2003.
"Les jeunes ont suivi des études grâce au soutien de leurs parents et font toujours très attention à ce que ces derniers leur conseillent. Et ce que veulent les parents pour leurs enfants, c'est la sécurité et la stabilité", souligne Yu Hai.
(source: www.aujourdhuilachine.com)
contact: Chloé Ascencio interculturelchine@orange.fr