jeudi 25 février 2010

Les investissements chinois en Occident: question de perception

La conférence du 15 février à Sciences Po réunissait MM Di Meglio et Gravereau, spécialistes de la Chine, un directeur de Lafarge et une économiste de la Société Générale.
Les intervenants étaient d'accord sur un point: les investissements chinois en Occident ne répondent pas tant à une stratégie très planifiée de "conquête du monde", qu'à la nécessité pour le gouvernement chinois d'utiliser ses énormes réserves de devises qui pèsent sur la monnaie. Une logique pragmatique qui expliquerait certaines incohérences et ratées. En effet ces apports de capitaux chinois à l'étranger ne représentent que 3% des investissements mondiaux, avec 40 milliards en 2008 soit le montant investi par les entreprises françaises en Chine. Ces dernières sont 1200 en Chine et emploient 250 000 personnes. On compte une centaine d'entreprises chinoises en France qui emploient... 8000 personnes.
On est donc loin du "péril jaune" qui obsède les Occidentaux, ont martelé les intervenants...
Après avoir cité certains échecs comme celui de l'acquisition par TCL de la branche "télévision" de Thomson, M. Di Meglio a très justement souligné que la difficulté était la gestion de ces entreprises occidentales "qui pose des problèmes de gouvernance". Il n'est pas allé plus loin dans l'analyse, mais il me semble évident que l'écart entre le style de management chinois et le leadership à l'occidentale explique pour beaucoup ces déconvenues. J'ai eu l'occasion de former des Français qui decouvraient ce que signifie d'être managés par des Chinois, et je peux en témoigner.
Autre aspect intéressant de cette conférence: la réaction des étudiants chinois dans l'amphithéatre. A la différence des Occidentaux, ils n'étaient pas dans une logique du "pourquoi" les investissement chinois? Mais dans celle du "comment" augmenter l'afflux de capitaux chinois en France (pour créer, par exemple, de l'emploi et de la croissance)? Une logique pragmatique qui ne s'embarrasse pas des causes. A deux reprises cette question a été posée, et personne n'a jugé utile d'y répondre...
A la place nous avons eu droit aux habituels échanges de tirs à sous-entendus politiques et aux "montées au créneau" d'étudiants chinois vexés par les accusations sur le manque de transparence du marché financier chinois. Bref, c'était une conférence à la française...