mardi 28 septembre 2010

Le problème des retraites: en Chine aussi!

Un livre Blanc publié début septembre 2010 révèle que le gouvernement chinois réfléchit à la possibilité de repousser l'âge légal de la retraite.
Sur les forums, les internautes chinois se sont déchaînés, refusant en majorité cette éventualité.
Mais au-delà des apparences, la situation en Chine n'a rien à voir avec celle de la France. En effet, les Chinois comptent surtout sur leur épargne personnelle pour sur(vivre) après la fin de leur vie active, ainsi que sur leurs enfants selon la tradition confucéenne de piété filiale 孝 (xiao: caractère figurant un fils portant son vieux père).
Le système de retraite actuel instauré en 1999 a tout de suite été en déficit, et ne fonctionne pas bien. La réforme avait en effet "oublié" de prendre en compte les salariés déjà retraités, ne s'intéressant qu'aux futurs pensionnés. Résultat, les fonds collectés ont servi à financer les retraites, et commes cela ne suffisait pas, les comptes-retraite personnels des salariés en activité ont été "réquisitionnés". Ces comptes personnels qui suivent le salarié chinois durant toute sa vie professionnelle sont le 2e pilier du nouveau système permettant de compléter la pension de bas plafonnant à 20% du salaire. C'était une remise en cause grave des intérêts des salariés actifs car ces comptes-retraite sont normalement intouchable jusqu'à la retraite et rémunérés au taux d'intérêt bancaire. Depuis cette manoeuvre a été interdite.
D'autre part, le taux de recouvrement est très faible, car de nombreuses entreprises ne paient pas leurs charges sociales (assez élevées puisque le total des charges employeur et salarié s'élève à 28% du salaire) mais aussi parce que la confiance des Chinois dans le système est faible: ils se demandent (à raison!) où va leur argent. Environ 55% des salariés côtisent sur les 302 millions concernés. La plupart des fonctionnaires ont leur propre système de retraite à l'intérieur duquel les femmes ont le droit de partir à 55 ans au lieu de 60 pour les hommes.
Finalement, moins de 30% des personnes bénéficient du système de retraites en ville, et seulement 12% à la campagne soit 56 millions sur 473 milliones en 2008.
Autre différence majeure de la Chine: la population a le taux de vieillissement le plus rapide du monde: en 2050: 40% des Chinois auront plus de 65 ans. Comment les actifs pourront-ils les nourrir alors qu'ils n'y arrivent déjà pas bien avec 11% de personnes âgées? Le problème est à la fois complexe et explosif.
Quelle que soit la solution proposée, elle sera un révélateur du rapport des Chinois au collectif. Souhaitons qu'elle permette l'instauration d'un peu plus de confiance des individus à l'égard de l'administration et qu'elle contraigne réellement les entreprises chinoises à respecter les lois du travail.