lundi 22 mars 2010

La génération des "post-1980" en Chine

Nombres recherches et articles ont été écrits sur les balinghou 八零后, les "nés après 1980" qui n'ont donc pas connu les violences physiques et morales de la Révolution culturelle, ni les affres et joies d'avoir des frères et soeurs.
Dans le Business Week du 25 janvier dernier, Lynton et Torgersen, deux professeures de la China Europe International Business School in Shanghai (CEIBS), expliquent que malgré leurs comportements, "ils sont pas en voie d'occidentalisation".
A Shanghai en effet, les apparences pourraient laisser croire que "la génération Moi" abreuvée de high tech, jeux videos et de caffe latte Starbucks laisse de côté les valeurs chinoises".

Or les balinghou placent la "réussite sociale" et la "famille" au sommet de leurs priorités. "Ils se sentent responsables de leurs parents et grand-parents" même si la communication intergénérationnelle est très limitée: les détails de l'histoire de la famille et les sujets personnels sont souvent tabous."82% des jeunes interrogés veulent aider financièrement leurs parents."

On retrouve ici l'impératif moral confucéen: l'enfant doit réussir pour donner de la face au clan, et s'acquitter de la dette morale contractée à l'égard des parents qui se sont sacrifiés pour financer leur éducation.

"Quand ils sont confrontés à un nouvel anvironnement, les balinghou cherchent avant tout à se faire des amis".
Ce "désir d'harmonie" est bien entendu la manifestation de la logique de guanxi (relation) selon laquelle j'ai besoin de l'autre pour atteindre mon objectif (réciprocité de l'échange de face et services). "Ils ressemblent donc beaucoup à leurs grands-parents dans leurs motivations, se modernisant sans s'occidentaliser."

Cependant selon les auteurs, cette "génération Y" serait la première en Chine à remettre un peu en question la hiérarchie dans les entreprises occidentales. Les signes annonciateurs : leur loyauté est difficile à acquérir, et les comportements d'obéissance inconditionnelle s'atténuent. Les auteurs y voient les prémisses d'un "nouvel esprit critique".