vendredi 25 janvier 2008

La nouvelle loi du travail chinoise: impact sur les relation sociales dans les filiales en Chine

Il est probable que le gouvernement chinois ne fera pas plus d’efforts qu’avant pour faire respecter la nouvelle législation entrée en vigueur le 1er janvier 2008. Pour les entreprises étrangères, la hausse sur les coûts du travail n’aura pas vraiment lieu car en général elles respectent la législation, dans la mesure où les lois chinoises sont toujours appliquées plus vigoureusement envers les sociétés étrangères que chinoises. Par contre, l’augmentation des coûts de main d’oeuvre est réelle dans de nombreux secteurs de l’économie chinoise comme la grande distribution, la restauration, la construction et les industries à forte intensité de travail où l’exploitation pure et simple des ouvriers est la règle. D’ailleurs les licenciements massifs annoncés par de nombreuses entreprises locales le prouvent. Les salariés chinois ont toujours préféré les sociétés occidentales à leurs homologues locales, notamment parce qu’elles ont la réputation de garantir le respect minimal des droits du travail : contrat écrit, congés, côtisation aux organismes de protection sociale. Ce qui va changer c’est le rapport des salariés à la loi, grâce à la publicité faite autour de cette nouvelle législation qui leur donne une meilleure connaissance de leurs droits. Le fait nouveau, c’est la possibilité d’attaquer une entreprise, et donc une forme de développement de la société civile. Avant, un salarié pouvait éventuellement porter plainte auprès du syndicat officiel et unique, mais sachant que ce dernier est totalement dépendant du gouvernement, les chances de voir ses droits reconnus étaient infinitésimales. Le risque pour les multinationales ne vient donc ni d’un accroissement des contrôles de l’inspection du travail, ni de la hausse des coûts. Le vrai risque, c’est celui d’être poursuivi par leurs propres salariés, anciens ou actuels, suivant le conseil des cabinets d’avocats chinois. En effet, ces futures actions en justice, individuelles et surtout collectives, représentent une formidable manne pour les juritstes chinois, lesquels croulent déjà sous les demandes de leurs clients occidentaux concernant la mise en conformité des contrats de travail. Sachant que la justice chinoise donne presque systématiquement raison à la partie chinoise face à la partie étrangère (cf affaires Danone et Schneider), on peut s’attendre à de retentissants scandales encouragée par une montée en puissance du nationalisme économique dans l’opinion et les médias chinois. Gageons que les salariés chinois qualifiés, ceux-là mêmes que les entreprises étrangères s’arrachent tant la pénurie est grande, saurons faire valoir leurs nouveaux droits pour peser encore davantage dans le rapport de force salarial déjà en leur faveur.