vendredi 12 novembre 2010

Le rapport enterré sur les étudiants chinois en France

Le Point publiait le 3 novembre les conclusions accablantes d'un rapport commandé par les ministres français des Affaires étrangères et de l'Education nationale. Il apparaît que l'augmentation impressionnante du nombre d'étudiants chinois depuis quelques années (ils sont 27000 aujourd'hui soit 2e population étrangère après les Marocains) se fonde sur une sélection peu scrupuleuse...
"La France accueille très majoritairement des étudiants qui ne sont pas admis dans l'enseignement supérieur chinois, très sélectif, qui ne seront probablement pas la future élite chinoise et qui arrivent avec un niveau d'études globalement inférieur à celui des autres étudiants étrangers. Les meilleurs étudiants chinois restent en Chine, ou bien se dirigent vers d'autres filières dont ils s'assurent de la sélectivité dans d'autres pays ou dans nos grandes écoles."
Ces étudiants chinois qui ont échoué à l'examen d'entrée à l'université gaokao cherchent donc à compenser ce qui est considéré en Chine comme un terrible échec (une perte de face) par un diplôme étranger. Solution alternative qui coûte très cher.
Ce que ne dit pas l'article, c'est que les universités françaises sont choisies non pas pour leur prestige mais pour leur quasi gratuité!
N'ayant pas les moyens de leurs ambitions, les facultés françaises sont peu regardantes sur le niveau de français des jeunes Chinois qu'elles acceptent massivement. Le problème est qu'après quelques cours de français, ils se retrouvent livrés à eux-même (autant que les étudiants français d'ailleurs...). Leurs résultats n'étant pas satisfaisants, les professeurs français se retrouvent bien embêtés: soit refuser de leur donner le diplôme, soit l'accorder malgré le faible niveau.
L'article du Point évoque également le scandale de fraude aux diplômes qui a touché l'université de Toulon-Var ayant inscrit jusqu'à un tiers d'étudiants chinois par master.
Finalement, le rapport ministériel aurait été enterré...
Pour aller un peu plus loin, soulignons que les universités et grandes écoles françaises sont toujours très fières d'afficher un taux élevé d'étudiants étrangers ainsi que des partenariats avec telle ou telle université chinoise bien placée dans le fameux "classement de Shanghai".
Mais rares sont celles qui se donnent les moyens de vraiment les aider à réussir leur adaptation au contexte français. Sans parler de certains professeurs qui non seulement jugent superflus de traduire leur support de cours en anglais mais qui, à la fin du cours, lancent négligemment: "Il ne faut pas prendre ce que je dis au pied de la lettre..." (allusion très française à la nécessité de faire preuve d'esprit critique face au savoir et à l'autorité) puis quittent la salle sous les regards consternés des étudiants chinois...