lundi 6 juin 2011

La question mingong

La Chine compte entre 220, et 230 millions de travailleurs migrants dont 140 millions travaillent loin de leur lieu de résidence officiel. Le Guangdong en emploierai 55 millions. Depuis 7 ou 8 ans des pénuries de main d'oeuvre non-qualifié frappent cette province mériodionale, en particulier après la fête du printemps marquant le nouvel an lunaire. L'année dernière 55% des mingong ne sont pas revenus après Chunjie.


En 2011, le Zhejiang, riche province de l'Est, connait à son tour une forte pénurie de bras, et se voit comme le Guangdong "obligée" (inversion du rapport de force oblige) d'améliorer les salaires et conditions de travail. Dans la fameuse ville de Wenzhou, depuis longtemps tournée vers l'exportation, les salaires ont cru de 20%à 30% en un an.


Et le China Daily de raconter l'anecdote improbable d'une usine qui a accueilli le retour de ses quelques ouvriers loyaux par un bonus et une haie d'honneur que les managers réservent d'habitude aux clients de marque!




Une des raisons de ce moindre attrait des grands centres industriels du Sud et de l'Est est le développement économique de provinces du Nord et de l'Ouest comme le Henan et le Sichuan, qui offrent maintenant des emplois à leurs ressortissants. Les entreprises chinoises sont en effet à la recherche de nouveaux marchés mais aussi de coûts salariaux plus bas.



Les pénuriées locales ne signifie pas qu'il y ait pénurie de main d'oeuvre en terme réels: le "surplus" est encore de 100 millions dans les campagnes (heureusement le gouvernement a supprimé certaines taxes agricoles qui pesaient sur les ruraux depuis plus de 2000 ans), et le réservoir n'est pas tari. Mais les mingong sont de plus en plus exigeants, surtout s'ils ont le choix.



L'effet balinghou (nés après 80')


La nouvelle génération des mingong a un niveau d'éducation supérieur à celui de la précédente, et aspire à un mode de vie moins dur, comparable à celui des urbains. La question du hukou (permis de résidence) est aussi une incitation à rester dans sa province natale. Autrement, il faut soit laisser l'enfant chez les grands-parents et se résigner à ne le voir qu'une fois l'an, soit payer une école privée (parfois jusqu'à 1000 yuans par mois) car, sans hukou, les enfants de mingong n'ont pas accès aux écoles publiques ni aux soins subventionnés en dehors de leur province d'origine.


C'est pourquoi dans le Guangdong, il est maintenant possible de demander le transfert de son hukou, mais comme souvent en Chine, il faut avoir de bonnes notes pour prouver que l'on est un bon candidat: un système de points qui s'ajoutent ou se soustraient opère une véritable sélection des "migrants".


Par exemple:


55 points pour un diplôme de niveau lycée,


10 points pour un vrai contrat de travail,


10 points pour la côtisation à une assurance sociale,


10 points pour un certificat de propriété,


2 points pour un don de sang (les Chinois y sont très réticents),


2 points pour 50 heures de travail volontaire,


20 points 1000 yuans de don à une "oeuvre de charité" (?).




Mais on perd 10 points en cas de violation de la politique de l'enfant unique ou de délit.




Bref le Guangdong choisit bien ses futurs résidents, 103600 travailleurs migrants auraient ainsi été régularisés.


Cette politique sera étendue dans le cadre du Plan quinquennal: urbaniser les mingong pour réduire l'écart entre riches et pauvres (et ce qui reste non-dit: la question des droits identiques pour tous...). Mais l'idée est que les mingong s'installent dans les petites villes et non dans les mégalopoles où les services publics sont déjà engorgés.