lundi 23 juin 2014

Nucléaire et manque de feedback en Chine

Le manque de feedback du partenaire chinois, qu'il soit client fournisseur ou la filiale elle-même, c'est la réalité vécue par  toutes les entreprises françaises. 

L'essentiel de mon activité consiste d'ailleurs à renouer les fils de la communication à distance, trouver le moyen de créer de la confiance et de l'engagement avec les interlocuteurs chinois. Pour ce faire, il est indispensable de comprendre comment ils fonctionnent, pourquoi l'opacité est la règle et la transparence une faveur faite aux amis, ce qu'ils attendent d'un bon partenaire (qu'il soit client, fournisseur, collègue français...) et aussi bien sûr d'adapter son mode de communication: apprendre à décoder l'implicite, les signaux faibles du désaccord chinois, apprendre aussi à passer des messages moins directs mais plus efficaces!

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Le manque de feedback en Chine, c'est d'une banalité!  

Mais lorsque l'excellent quotidien hongkongais South China Morning Post évoque le manque de feedback dans le domaine nucléaire, cela devient sensationnel car le risque engendré par une mauvaise communication interculturelle devient soudain plus tangible. 
Et pour cause, 2 European Pressurised Reactors (EPR) entrent en phase finale de construction à Taishan, 60km de Hong Kong. Chacun des EPR produira 2 fois plus d'électricité qu'un réacteur classique. Pour Areva, qui développe l'EPR et EDF, qui l'opère, l'enjeu chinois est énorme. Les 2 entreprises ont besoin d'un démarrage "safe" et "trouble-free" pour assurer le futur de ce nouveau produit. Cependant les autorités françaises ne cachent pas leur inquiétude:" Ce n'est pas toujours facile de savoir ce qui se passe sur le site de Taishan" selon Stéphane Pailler, responsable de l'Autorité de Sûreté nucléaire. "Nous n'avons pas une relation régulières avec les Chinois sur le contrôle de l'EPR, contrairement à la relation avec les Finlandais." 
Les premiers signes du malaise français sont apparus en février quand Philippe Jamet a reconnu devant le parlement français que les appels et les fax adressés à China's National Nuclear Safety Administration demeuraient sans réponse. Pas de feedback non plus de la part du constructeur China General Nuclear Power Corporation.
"Malheureusement, la collaboration n'est ps au niveau que nous attendions", selon Jamet."Un des explications de cette difficulté des relations est que les autorités de sécurité chinoises manquent de moyens. Elles sont débordées".

Débordées peut-être mais ce n'est certainement pas la cause du manque de feedback. On se rassure avec des explications totalement erronées. Dommage!

En mars, Jean Tandonnet l'inspecteur de la sécurité interne d'EDF publiait un rapport de visite à Taishan: "l'état de conservation des pompes et généraeurs de vapeur n'étaient pas au niveau et bien loin des standards des 2 autres EPR", en Finlande et en Normandie à Flamanville.

Cependant Herve Machenaud qui dirige EDF en Chine depuis longtemps a déclaré qu'EDF était satisfait des procédures de sécurité chinoises. En Chine, "il y a un vrai contrôle, indépendant, qui marche au moins aussi bien que dans la plupart des pays". Chez Areva, Philippe Knoche a confirmé que le régulateur chinois est "extrêmement exigeant".

This article appeared in the South China Morning Post print edition (20th of June 2014) as French point to concerns over nuclear plant