Un livre intitulé "What Chinese Want: Culture, Communism and China's Modern Consumer" de Tom Doctoroff, un publicitaire américain vivant
en Chine, est paru cette année. Il explique que loin de s'occidentaliser, la Chine construit sa propre modernité qui demeure marquée par un profond patriotisme, une morale confucéenne et le primat de la famille sur l'individu.
Ainsi une règle d’or
du marketing en Chine est l’idée que le
bienfait du produit doit être externe et non pas interne même pour les biens de
luxe. Célébrer l’individualisme sur le thème familier en Occident de “ce que je
veux » ou « ce que je ressens » ne marche pas en Chine ! Par
exemple l’automobile doit communiquer l’idée d’un homme en pleine ascension
sociale comme BMW l’a compris avec son slogan global "ultimate driving
machine", une déclaration d’ambition dans le style chinois.
Parfois la distinction externe et interne peut être subtile. Les
spas et autres resorts promettent non seulement la relaxation
mais aussi de recharger les batteries (pour pouvoir retourner au travail !).
Les laits et aliments pour bébés promeuvent l’intelligence, pas le bonheur. On
n’emmène pas les enfants chez Pizza Hut pour qu’ils se régalent de pizza; mais
pour les récompenser de leurs résultats scolaires par des "fêtes de
triomphe". Les produits de beauté doivent aider les femmes à "aller
de l’avant ». Même la bière doit faire quelque chose. En Occident passer
du bon temps est un argument suffisant; en Chine la marque Pilsner réunit les
gens, renforce la confiance et promeut des gains financiers mutuels !
Pour pouvoir demander un prix élevé (premium), la consommation doit être publiquement mise en scène. Cela expliquerait pourquoi certaines marques ont changé de business model pour se conformer à la règle d'or sur le marché chinois: les Starbucks coffees ne sont plus des oasis de paix dans la ville mais des lieux de rassemblement de la nouvelle génération de cols blancs capable de payer plus de 30 rmb pour une boisson chaude. Haagen Dazs vend (cher) des glaces à plus de 50 rmb à consommer sur place dans ses boutiques des centres commerciaux huppés, pas des boîtes à emporter à la maison. "Product benefits are externalized; brands are a means to an end." comme dit le publicitaire.
Pour pouvoir demander un prix élevé (premium), la consommation doit être publiquement mise en scène. Cela expliquerait pourquoi certaines marques ont changé de business model pour se conformer à la règle d'or sur le marché chinois: les Starbucks coffees ne sont plus des oasis de paix dans la ville mais des lieux de rassemblement de la nouvelle génération de cols blancs capable de payer plus de 30 rmb pour une boisson chaude. Haagen Dazs vend (cher) des glaces à plus de 50 rmb à consommer sur place dans ses boutiques des centres commerciaux huppés, pas des boîtes à emporter à la maison. "Product benefits are externalized; brands are a means to an end." comme dit le publicitaire.
Même la passion
chinoise pour Noël—avec des centres commerciaux encore plus bondés que d’habitude
et des chants en anglais (style jingle bells) omniprésents y compris dans les
bâtiments du Parti communiste— met en avant une conception distinctement
chinoise. Santa Claus (notre vieux père Noël) est un symbole de progrès; il
représente l’aisance du pays dans un nouveau monde globalisé, dans lequel la
Chine est déterminée à être présente sans sacrifier l’intérêt national. Noël
est devenu le moyen de projeter son statut dans une culture pour laquelle l’identité
est inextricablement liée à une validation par l’extérieur (c'est à dire la face dont la taille se mesure dans le
regard de l’autre).
Le rêve américain – richesse qui culmine dans la liberté –
est empoisonné pour les Chinois. Tandis que les Américains rêvent d’"indépendance,"
les Chinois sont avides de "contrôle" sur leur propre destinée et de
maîtrise des caprices de la vie quotidienne. Les similarités matérielles
entre Chinois et Américains masquent des pulsions émotionnelles fondamentalement
différentes. Si les marques occidentales peuvent apprendre à connaître et satisfaire
le point de vue chinois dans ses propres termes, peut-être que l’Occident peut y
arriver aussi.
"Unlike American society, Chinese society never celebrated the liberation of individual potential. The basic productive unit of society remains the clan, not the individual. The pursuit of happiness is an adolescent fantasy, best forsaken by the time the pressure of marriage, mortgage, mother-in-law, and auto ownership come into play."
"Unlike American society, Chinese society never celebrated the liberation of individual potential. The basic productive unit of society remains the clan, not the individual. The pursuit of happiness is an adolescent fantasy, best forsaken by the time the pressure of marriage, mortgage, mother-in-law, and auto ownership come into play."
3 commentaires:
Intéressant!!!
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